jeudi 2 octobre 2008

Un nouveau paradis pétrolier


"Artic Vanitas" Fourrure de Rennes du Svalbard, crâne humain en résine et feuille d'or. Valéry Grancher 2008

Un article publié ce jour à Paris dans le quotidien Matin plus (sans commentaire):

"L'avenir de l'Arctique, ce sera moins d'étendues blanches et d'avantage d'or noir, signale un rapport récemment publié au sujet des réserves pétrolières du Grand Nord. Selon la première estimation globale des ressources en pétrole et en gaz situées au nord du cercle polaire, effectuée par des géologues américains, il se pourrait que la région recèle, sous la glace, un cinquième des réserves d'hydrocarbures non encore découvertes mais récupérables de la planète. cela représente 90 milliards de barils de pétrole. Et 47 260 milliards de mètres cubes de gaz, soit environ le tiers des réserves mondiales. Ce rapport fournit les premiers chiffres sûrs en ce qui concerne les richesses en hydrocarbures que les cinq pays riverains de l'Arctique:
- Les Etats Unis, La Russie, le Canada, La Norvège et le Danemark (via le territoire autonome du Groënlande) - convoitent depuis plusieurs années. Attirés par les énormes potentialités économiques de la région, les gouvernements des pays riverains de l'Arctique se préparent déjà à revendiquer leur part des fonds marins pour le cas où, d'ici à une vingtaine d'années, le passage serait libre de glace en saison estivale. L'étude sur les ressources en pétrole et en gaz, réalisé par l'agence gouvernementale US Geological Survey révèle cependant que la plupart des réserves sont concentrées près des côtes, dans la juridiction territoriale des pays concernés. Les réserves situées au coeur de l'Arctique - C'est à dire dans la portion d'océan sur laquelle aucun pays n'exerce actuellement de souveraineté - semblent restreintes.
Mais ce que laisse prévoir le rapport, c'est un avenir très différent pour l'une des dernières régions intactes du monde. S'il y a du pétrole, les pays qui le détiennent chercheront sans aucun doute à l'extraire, quel qu'en soit le coût environnemental. "Il est possible que les vastes plate-formes continentales de l'Arctique constituent la plus grande zone pétrolifère non explorée de la Terre", souligne Donald Gautier, le chef de projet. Selon les estimations de l'agence, plus de la moitié des ressources pétrolières encore non découvertes sont concentrées dans trois zones géomorphiques: L'Alaska arctique (30 milliards de barils), le bassin amérasien (9.7 milliards de barils) et les bassins de l'est du Groënland (8.9 milliards).
Par ailleurs plus de 70 % des réserves non découvertes de gaz naturel se trouveraient, elles aussi, dans trois zones: le bassin de l'ouest de la Sibérie (18 430 milliards de mètres cubes), les bassins de l'est de Barentz (9000 milliards), et l'Alaska arctique (6250 milliards). Les 90 milliards de barils de pétrole que l'on s'attend à trouver dans l'Arctique, excèdent à eux seuls, la totalité des réserves mondiales (86.4 millions de barils jours) pendant trois ans.
Le rapport ne donne pas d'estimations sur le délai d'attente pour l'arrivée de ces ressources sur les marchés, mais il est clair que l'opération ne se fera pas du jour au lendemain. Il faudra, par exemple, une dizaine d'années sans doute ou d'avantage pour pouvoir commencer à exploiter les gisements dans le Golfe du Mexique et au large de l'Afrique occidentale. Mais il est évident que l'énorme quantité d'infrastructures industrielles auxquelles il faudra faire appel pour découvrir le pétrole, l'extraire et le transporter aura un coût environnemental colossal. Alors que les leaders démocrates des deux Chambres du Congrès ont rejeté, le 14 Juillet, une proposition du président Bush visant à lever le moratoire de 25 ans sur le forage dans la plupart des eaux côtières, les patrons des compagnies pétrolières américaines appellent à un assouplissement des réglementations interdisant le forage offshore - y compris dans une bonne partie de l'Alaska. Maintenant, les demandes pourraient bien aboutir."

Michael McCarthy
The Independent, Londres