jeudi 7 décembre 2006

Lieu et contexte


Ny Alesund se situe dans la région du Svalbard dans le Spitzberg en Norvège: Cet endroit représente l'une des trois plus importantes calottes glaciaires sur notre planète (la troisième).
La Baie du Roi (Fjord Kongsfjorden) est la région la plus connue et la plus étudiée du Spitzberg avec Longyearbyen. Ny-Alesund fut le point de départ des expéditions de Nobile et Amundsen vers le Pôle Nord. Cette ancienne cité minière est aujourd'hui un centre de recherche polaire.
Cette région du Spitzberg représente des enjeux cruciaux en notre époque:
Tant par les exploitations minières et énergétiques qui y sont menées
Tant au niveau écologique où les conséquences du réchauffement climatique global y est directement visible par la fonte constante des glaciers et calottes glaciaires et la mise en péril de la biodiversité :

Les photos que Greenpeace a réalisé du Glacier Blomstrandbreen dans la Baie du Roi (Kongsfjorden) montrent un recul du glacier d'environ 2 km en 80 ans.
Jusqu'en 1922, le glacier était rattaché à la presqu'île de Blomstrandhalvøya (halvøya signifie presqu'île), maintenant il y a un passage d'un km entre Blomstrandhalvøya qui est maintenant une île et le glacier.
Depuis 1960, le recul moyen de ce glacier est de 35 mètres par an et s'est même accéléré durant la dernière décennie. D'après Greenpreace les autres glaciers de la région regressent selon une tendance similaire.
Des études internationales ont démontré que l'explication la plus plausible à ce retrait est le réchauffement climatique global.

La fondation Paul Emile Victor se trouve être une base scientifique située en cette région. Elle représente également une communauté humaine d'origine géographiques diverses vivant dans un contexte isolé en un des lieux les plus extrêmes de notre planète. Elle représente une 'écologie humaine' spéciale hors de notre monde tout en y étant lié par le regard spécifique porté sur le contexte qui l'entoure et ses évolutions factuelles révélatrices de notre humanité habitant ce monde.

Le cercle polaire arctique a longtemps véhiculé dans l'esprit collectif une image d'une utopie fantasmée véhiculée par des récits héroïques d'expéditions nordiques, occultant en même temps les réalités écologiques, stratégiques (exploitations minières pour des énergies fossiles) et géostratégiques (pendant la guerre froide). Avec la globalisation et le réchauffement global, les préoccupations écologiques se faisant de plus en plus présentes, les pôles et les territoires équatoriaux (forêts vierges) sont devenus des territoires à préserver avec leur biodiversité et ont donné naissance à une nouvelle forme de message politique:
Le film documentaire d'Al Gore par exemple.


Le cercle polaire devient alors un ocullus vers lequel une multitude de regards convergent :

Le regard stratégique des gouvernements et des politiques
Le regard des scientifiques sur les faits qui les entourent
Le regard des artistes dont je fais partie qui ressentent désormais le besoin d'aller l'exercer en périphérie de notre monde en essayant d'établir une nouvelle 'écologie de l'art':

« Par delà les passages des objets du monde ordinaire de l’usage à celui de l’art, les artistes sont, eux aussi, emportés dans des dynamiques multiples de passages. Alors qu’à l’époque de la modernité, on pouvait être, ou peintre, ou sculpteur, ou photographe, ou cinéaste, mais rarement l’un et l’autre ; aujourd’hui, on proclame la faillite des anciennes oppositions et exclusions, et l’on peut produire des œuvres qui relèvent simultanément de la peinture, de la sculpture, de la photographie, et de beaucoup d’autres domaines encore. Devenus des plasticiens, les artistes sont désormais libres d’opter pour une combinatoire sans limites de pratiques et de matériaux. Plus profondément encore, ils sont en train d’abandonner leurs oripeaux traditionnels pour endosser des rôles de footballeur (Gianni Motti), d’agent secret (Alain Declercq), de cuisinier (Rirkrit Tiravanija), de producteur de télévision (Fabrice Hyber), d’explorateur (Valéry Grancher), d’expérimentateur scientifique (Loris Gréaud), etc. Cela dans le sillage d’Andy Warhol affirmant vouloir «être une machine» (1963), mais transposé dans la situation présente où la machine warholienne a fait place aux réseaux et aux stratégies d’infiltration. » André Rouillé Paris-art.com 6 Juillet 2006.

Ny Alesund Pole 0


Voilà c'est fait ! j'ai remporté l'appel à projet artistique organisé par Art aux Pôles fondé par l'IPEV (l'institut polaire français Paul Emile Victor) annoncé sur le site internet du Palais de Tokyo dont le jury réunissait les personnes suivante:
Caroline Bourgeois (le Plateau), Marc Sanchez (Palais de Tokyo), Françsoise Vincent et Elohim Feria (représentants de Art aux Pôles), Alain Lesquer (Institut Polaire français Paul Emile Victor).
Ainsi durant l'été polaire dans le cadre de la quatrième année polaire, je vais effectuer un séjour dans la base scientifique française pour réaliser un projet artistique à Ny Alesund dans le Svalbard !
125 ans après la première Année polaire internationale et 50 ans après l'Année géophysique internationale, la communauté scientifique internationale s'apprête à organiser la quatrième Année polaire internationale de Mars 2007 à Mars 2008.
Nul doute que cette année va focaliser bon nombre de feux médiatiques sur les enjeux scientifiques, climatiques, stratégiques, énergétiques, politiques liés à ces territoires et pourquoi pas artistiques ?
Ainsi mon projet se nommera "Ny Alesund Pôle 0" !
Je ne dévoilerai pas de suite la nature exacte de ce projet artistique, mais je dois dire que se rendre en Amazonie en Equateur sur la ligne d'Equateur, c'est la Même chose qu'aller au Pôle nord: ce sont les deux extrêmes de notre sphère terrienne.
Au gré de l'avancé de ce projet, tout au long des semaines et jours à venir, ce blog se nourrira de textes et d'images saisie via une webcam (l'image agrémentant ce post est transmise en temps réel !)
Ainsi la réalité de la génèse de ce projet se juxtaposera à la réalité de la topographie de ce locus lointain