dimanche 23 décembre 2007

"Liberal polar landscape"



"Liberal polar landscape", liquitex, 1 zirconium de 1 ct, feuille d'or 24 ct, sur panneau de bois (65 * 54 cm) 22.12.2007.

Que deviennent les paysages polaires sous les pas ensanglantés de notre Hyper-capitalisme global ?

Valéry Grancher

samedi 22 décembre 2007

"Geopol"



Voilà un cliché d'une des versions de "Geopol" qui est une 'single channel video installation' de 24h00.
En effet cet écran agit comme une fenêtre atypique, car l'horizon défile très lentement en 24h00, de sorte qu'un travelling de 360 degrés (dans le sens horaire) dans ce paysage, soit montré en 24h00...

Installation montrée à l'exposition "On fait le mur" à l'Espace d'Art Concret de Mouans Sartoux.

lundi 26 novembre 2007

"On fait le mur !"


Voilà enfin une vue complète de mes pièces polaires à l'exposition "On fait le mur!" à l'Espace d'Art Concret de Mouans Sartoux.
A gauche, une pile de posters rouges de Felix Gonzalez Torres, puis sur le mur "Artic Pop !" (les bois de rennes) et enfin sur écran plat, telle une fenêtre insérée entre deux autres fenêtres "Geopol":
Ainsi le paysage vit sa vie de 24h00 tout en s'opposant au paysage naturel provençal qui vit aussi sa vie de 24h00. Mais une incongruité apparait alors pendant les nuits, car dans la vidéo le soleil de décline jamais bien que durant ces 24h00 on aura fait un panoramique de 360 degrés de ce paysage polaire...

Valéry Grancher

vendredi 16 novembre 2007

Pole nord et "internet painting"


"FLICKR: North Pole horizon 80° North", oil on canvas (116 * 81 cm) November 4 2007.


Mon travail tient compte d'un 'media situ'. Le web est devenu depuis longtemps un calque de notre réalité, avec le web 2.00, une médiatisation globale et individuelle. En effet le web 2.00 joue sur ce que je décrivais et expérimentais dans mes premiers travaux en ligne en 1995, une forme d'esthétique relationnelle:
Sur facebook, j'interagis avec mes amis et affiche ma 'social timeline'; sur myspace je deviens une célébrité avec mon fan club, sur blogger (ici) je médiatise mon expérience individuelle, sur FLICKR et sur youtube je deviens reporter ....
Le 'je' est devenu sur le web 2.00 un vecteur médiatique, où identité et image médiatique se confondent. Les blogs concurrencent les médias classiques, myspace concurrencent les labels, et youtube challenge les télévisions...
Ainsi ce n'est pas un hasard, si dans ma production artistique de ces dernières années, le moindre élément des expériences vécues est ainsi médiatisé:
Que ce soit mon expédition amazonienne ou mon expédition polaire.
Ainsi, il n'est pas surprenant que deux champs de mon travail finissent par s'hybrider pour arriver à une forme de 'mutant' furtif:
Mes images photographiques produites lors de ce séjour à Ny Alesund est sauvegardées sur FLICKR. Quel est alors le nouveau statut de ces images ?
Je considère la peinture comme un écran où une image matérielle (sa pictorialité) est terrain de citations et d'hybridations. Ainsi naissent les 'internet paintings'.
De la même façon une internet painting peut alors représenter un écran FLICKR, alors l'horizon polaire photographié prend désormais une nouvelle dimension.

vendredi 19 octobre 2007

L'hiver


Voilà la nuit polaire revient peu à peu sur le Svalbard comme vous pouvez le voir sur cette webcam...
Mon projet polaire touche à sa fin, et il se peut que d'autres oeuvres, pièces ou publications suivent à la suite de cette expérience fabuleuse. Je ne manquerai pas de vous tenir informés sur ce blog...
Je tiens à remercier L'IPEV pour son soutien indéfectible, Alain Lesquer, Frank Delbart et toute l'équipe de la station Rabot qui n'a pas hésité à participer à mes projets, les soutenir, et y participer...
Xavier Frain, Catherine Larose, Raphaëlle Henebelle, Cédric Couret et tous les autres que j'oublie très certainement, sans compter les collègues allemands comme le fameux 'station leader' Rainer siégeant à la blue house de Ny Alesund.

Valéry Grancher

jeudi 13 septembre 2007

Le temps du regard

Le temps est un art individuel propre à chacun. Il n’est pas une durée, il n’est pas un cycle, il est la vie, sa durée est la souffrance et son éternité est la mort. Alors tout le monde le gère à sa façon, ainsi il y a ceux qui le trouve éternellement long et masquent les pendules et montres. Car leur simple vision le dilate de façon asymptotique jusqu’à la fin d’une période :
L’heure de sortie du bureau, la sortie de l’école, la fin d’un rêve tendant vers l’éveil…
Très tôt, j’ai appris cette chose: une façon d’habiter le temps qui n’est plus de constater sa fuite, de le compter, le quantifier, le mesurer ; mais de le figer à un instant. A rendre cet instant éternel au point de le mortifier.
Ces instants morts mettent le monde sur 'pause' :
Tout se fige, les mouvements, le cinéma de la vie. Tout s’arrête, le regard alors existe et se pose sur toutes choses…
Comment ai-je appris cela ? Quand j’ai appris que j’étais fasciné par la beauté. D’où me vient cette fascination ?

Huit ans, le chiffre huit, cet anneau de Moebius fut mon année clef, quand en cette saison chaude, je vis une jeune femme italienne sans pudeur dans les douches du camping, se pencher sur mon visage pour me caresser les cheveux tout en me disant « Belli occhi… » . Le compliment me touchait moins que la vision qui s’offrait à moi :
- le perlé, le grain et la soie de sa peau
- Son pubis innocent (à la hauteur de mes yeux) origine de toutes les courbes de ce magnifique corps qui m’hypnotisait.
Je découvrais la beauté, sans arrière pensée, plaisir rétinale fait de chair, de courbes, de lignes et de tonalités. Une beauté qui me remplissait, me ravissait.
Ce corps qui se déplace sous une lumière crépusculaire, le mouvement des ses reliefs et monts doux, me clouait sur place. Ce fût certainement la plus belle chose qui m’ait été donné à voir en cette vie.
Dès lors le temps se figea, je découvrais l’éternel, cette sensation de plénitude qui vous donne le pouvoir de tout figer pour laisser le regard vivre au creux des plus beaux plis féminins, et l'oeil se plonge dans l'origine du monde...

Non ce n'est pas la beauté d'une pieta faite d'un adonis ensanglanté à la carnation de marbre, s'abandonnant dans les bras d'une vierge mère ! Non ce n'est pas ce mythe donnant naissance à la culpabilité éternelle qui me donna le goût de la beauté, et tout l'enseignement jésuite que j'ai pu subir n'y aura rien fait, rien changé...

Le corps féminin était une découverte fabuleuse, elle m’apprit à échapper aux journées de cours, à inventer mon art du temps afin que les huit heures de mes journées sombrent dans l’oubli. Ce phénomène fut également un désastre pour ma scolarité, ainsi mes enseignants me trouvaient dissipé. Ayant tout de même de très bonnes notes dans les matières qui comptent : Cela me valait des foudres de la part de mes enseignants et parents « peut mieux faire ! ». Pour tout apprentissage, je figeais l’instant, me levait et dévoiler le corps de mon enseignante, le scrutais sous tous les angles, et admirait les courbes de ses différents reliefs et leurs gravités. Ainsi aucun vêtement ne pouvait dissimuler à mes yeux quoique ce soit… Je pouvais glisser dans ses moindres plis, dessiner ses courbes et lignes et trouvait cette beauté mystérieuse au point de me ravir, je découvrais la féminité. Je ne sais ce que penseraient ces femmes si elles savaient tout cela. Si elles savaient que cet enfant au visage d’ange si rêveur buvait leur beauté à la surface de leur peau…
C'est cet apprentissage tout au long des années qui allaient me mener à l’âge d’homme et celui de père…
En quittant l’innocence de mes huit ans, je découvrais d’année en année ce qu’est la beauté coupable, celle des objets et celle innocente de la nature. Cette cristallisation du temps m’offrait des voyages inouïs dans les méandres de quelques surfaces, lignes et lumières. Ce ne fut pas Einstein qui m’apprit la relativité du temps, les liens forts entre le temps et l’espace qui le contient. Mais la sensualité du regard, l’éveil des sens jusqu’à celui de mes hormones…
La Nature s’est alors révélée à mes yeux de cette façon. La nature comprend aussi bien les corps que les espaces, les paysages. De plus ce regard m’apprenait l’absence de distance qu’il y a entre nature et regard, et bien plus tard quand je fus doué de la faculté d’abstraction, je dirai 'nature et culture'. C’est exactement pour cette raison également que la nature s’opposait à mes yeux aux objets qui fatalement ne pouvaient accéder à cette cristallisation sensuelle du temps, de l’espace et des corps.
Cela m’a valu bien des malentendus, quand plus tard, certains membres de la gente féminine me prenaient pour un attardé quand elles me trouvaient scotché à un objet posé sur une table (un cendrier) pendant de longues minutes, tout en les entendant gloser. Pendant, que je savourais cet instant pour en faire un objet du regard, une nature morte, j’échappais au dialogue, je ne valorisais plus leur beauté, elles m'en voulaient et devenais de facto un psychopathe à leurs yeux.
La nature apprend une forme de sensualité par sa contemplation, surtout quand dans des territoires abstraits d’humains, elle nous enseigne la précarité et la fragilité de l’être, du corps. Il s’agit bien d’une sensualité, quand on ressent à la surface de sa peau cette douceur humide et chaude, cette même humidité qui s’enfonce dans nos bronches avec les arômes des muscs et pollens de la jungle alentour. Il s’agit également de sensualité, quand dans ces espaces monochromes de l’arctique qui nous aveugle; le froid nous fait ressentir ces frissons si douloureux, suivis de la douceur des flux sanguins ravivant nos membres lors du repos.
Il n’y a pas d’érotisme, mais une vraie jouissance du corps apportée par l’ascèse imposée par cette nature, cette jouissance n’a rien de sexuel. Elle rejoint cette même jouissance quand enfant je découvrais la nature de la beauté féminine. Ce mystère féminin, incompréhensible, en dehors de toute raison mais tellement nature…
Le temps alors à mes yeux ne peut être durée, ou instant, mais cet arrêt en dehors du temps et de l’espace qui révèle la beauté de toutes choses…
Le temps du regard est féminin...

samedi 8 septembre 2007

Fragment de vie inuit



La souffrance est durée, la vie est temps, la mort est éternelle...


vidéo: "cérémonie d'échange d'épouse" extrait de "journal" de Knud Rasmussen

vendredi 7 septembre 2007

Universalité humaine


"Au bord du rio"


"Une histoire complète d'un chaman" (sous-tire en anglais)

Que ce soit au plus profond de la densité végétale en cette parallèle médiane de notre monde (équateur), que ce soit en ces immensités achromes au zénith de notre monde (le pôle nord), une présence, l'humain.
Les bonnes intentions, les organismes de défense des communautés indigènes (le développement durable, le commerce équitable) ont pour tout effet une meilleure négation de la différence et de la diversité humaine. On remplace le curare par des carabines, on remplace les chiens par des skidoos, et afin de subvenir à ces nouvelles dépendances, on se prostitue, les corps deviennent des simples marchandises bien moins valables que les gisements de pétrole ou de ressources diverses. Nos bonnes intentions tendent à nier le nomadisme de ces peuples faisant fi des frontières, manifestant ainsi, dans notre conscience paranoïaque un effroi justifiant leur sédentarisation amenée par les dépendances qu'on leur offre avec les meilleures intentions. Alors ces groupes isolés, au sommet de notre monde tombent dans la misère sexuelle: les agressions sexuelles. Les relations contre nature se multiplient apportant son lot d'handicaps et pathologies génétiques optimisant leur disparition sous l'alibi de la dégénérescance et déchéance...

Où que l'on aille en ce monde, il n'y a plus de libertés:
Que ce soit chez nous, où l'hyper-modernité de nos chers politiques sur-médiatisés apportent des nouvelles formes de totalitarismes.
Que ce soit ailleurs, en ces régions sus nommées, où les chamans n'ont plus droit à l'hédonisme séculaire de leurs peuples, mais se doivent de devenir de la main d'oeuvre peu chère sur les derricks et plate-forme nouvellement implantés, ou encore devenir les valets des nantis en mal d'exotisme se déversant par groupes en avions et paquebots divers.
Bien sur, ne soyons pas naïfs, ces peuples ne sont pas plus innocents que nous, ne sont ils pas anthropophages ? n'ont ils pas menés des expéditions meurtrières contre d'autres tribus ? bien sur il est plus aisé de s'émouvoir sur la disparition des pandas et des ours polaires ! Ils ont la blancheur de l'innocence animale.
Avez vous déjà entendu parler dans nos chers 'JT' des expéditions meurtrières menées par des milices d'importants acteurs économiques? afin de les déposséder de leurs territoires ancestraux ? avez vous entendu parler des persécutions par la Perenco sur les shuars en Equateur, de la De Beers au Botswana ? *

Plus de 100 peuples indigènes dans le monde refusent le contact avec l'extérieur, sont ils condamnés pour autant ?

Ces peuples du zénith et de la médiane de notre monde, ont en commun cet hédonisme séculaire, millénaire. Ils sont les seuls à avoir pu assumé leur animalité, leur donnant ainsi la capacité de communiquer avec le monde animal et végétal. Ils n'ont pas eu cette arrogance de mettre une distance entre la nature et leur culture. Doit on notre arrogance romantique à notre chrétienté ? Est ce à ce nom que l'on doit s'évertuer à effacer leur mémoire orale et leur identité? en allant jusqu'à les exterminer?

Et c'est bien là, la seule chose commune à l'humain en ce bas monde, cette nécessité des peuples à dominer d'autre peuples à n'importe quel prix, y compris celui d'hypothéquer l'avenir du monde biologique.
Car cela est sure, en continuant sur cette voie le monde minéral survivra à la disparition de la vie, et notre chère planète deviendra un banal objet de l'espace fait de gaz et de roches. Nos persécutions ne suffisent pas, notre consumérisme hystérique entraine pollutions et troubles climatiques, mais qui subit les effets nocifs de ces troubles ?
Est ce là l'ultime but de la vie ? sa négation ?

* afin de vous informer sur ces persécutions, je vous invite à suivre les bulletins d'informations de survival international

vidéos:
1- femme shiwiar préparant un repas (Valéry Grancher)
2- Scène du journal de Knud Rasmussen (sous-titres en anglais)

mardi 4 septembre 2007

Dyonisos et Platon


Maintenant que je suis retourné de ces terres inaccessibles, ces territoires du fantasme que sont le pôle nord et l'équateur. Maintenant que j'ai pu lire de ci et de là, les commentaires sur mes travaux, je m'aperçois à quel point le monde de l'art s'empêtre toujours plus dans Platon:
Toujours le mythe de la caverne, mythe exacerbé par les technologies produisant toutes sortes de virtualités, et pour cause ...
Quand on pense que la technologie qui a transformé la post-modernité en hyper-modernité est justement l'aboutissement de cette perception du réel.
Quand on a conscience de cela, je m'aperçois que depuis que j'ai pu osé quitté le virtuel pour me déplacer d'une façon 'hédoniste' dans ces territoires, on me rappelle crûment quelle devrait être ma place: Ainsi une critique de Paris-art écrivait:

"Valéry Grancher travaillant jusqu’ici sur la question du déplacement sans mouvement (un des aspects d’internet), ne pouvait-il pas continuer à rester kinestésiquement aveugle et continuer à faire confiance à la réalité, pour ensuite la ré-interpréter? Comme il l’explique au début du blog du projet, il voulait justement renverser les propositions : la rencontre physique et la vérification sur place du contenu sémiologique, pour le capter lui-même et sans le modifier par la suite.

Poétiquement, la proposition de Valéry Grancher dans Found Sculpture On Mars est cohérente, dans le sens d’une ré-interprétation du réel donné à voir au moyen des médias actuels.
Or, les Shiwiars sont un peuple, non pas un sujet d’expérimentation d’art occidental. Non qu’ils ont été là instrumentalisés : ils théâtralisent eux-mêmes leur quotidien lors de la présence d’observateurs extérieurs et sont tout à fait conscients du rapport ambigu (entre fantasme et mépris) que l’Occident entretient envers eux.
Si la proposition de Valéry Grancher ne semble pas malhonnête, elle parait faussée : le rapport que l’artiste tente d’instaurer avec ce peuple ne peut pas leur être équivalent, et ce, à aucun niveau. Etait-ce là l’intérêt du projet? "
(Lien de cet article) par Anne Kawala

En fait, quand on travaille sur le réel, surtout dans le domaine des arts plastiques, on exige de vous de "ré-interpréter le réel". Cela est assez étonnant à mes yeux et néanmoins compréhensible au regard de l'histoire qui anime notre culture. J'ai en effet travaillé sur les médias, je travaille toujours avec les médias, j'utilise également différents médias, ce qui nourrit également une sorte de malentendu (comment puis je faire en même temps des peintures et des pièces totalement immatérielles ?).
Bref, pour ma part, mon chemin n'est pas celui de la ré-interprétation du réel, mais de la 'vie du réel'. Je n'ai cessé depuis mes débuts de parler de la phénoménologie de nos perceptions corporelles, du rapport de la mémoire au temps et à l'espace, du rapport de la mémoire à l'identité, du rapport de l'identité au langage...
Ces voyages n'ont nullement pour objectif de 'vérifier sur place', mais de rencontrer... de vivre ensemble.... Que les shiwiars théatrâlisent leurs vies ne m'importent peu, il s'agit de rapports sensuels au delà du langage, fait de regards et de gestes, de partages du goût et des plaisirs de bouches. Pour moi, ma rencontre avec les shiwiars n'a rien d'une démarche anthropologique, mais il s'agit d'un voyage dionysiaque d'un poète. Je n'ai jamais cherché à ré-interpréter le réel, mais j'ai toujours cherché à le vivre.
Comment accepter cette affirmation de cette critique qui par cette expression: "le rapport que l’artiste tente d’instaurer avec ce peuple ne peut pas leur être équivalent..." signifie l'absence d'une telle équivalence ? et l'éventualité de l'existence d'une équivalence? Seuls les acteurs de cette relation peuvent en parler, les shiwiars et moi même; et certainement pas en terme de 'équivalence' mais de relations, d'échanges, de partages, et, il me semble que ces faits furent opérant si je considère que Pascual (chef de cette communauté) a tenu à ce que je porte sa tawasap (couronne de plumes) au Pôle Nord afin de m'accompagner spirituellement. Alors de quelle équivalence parle t'on ?, qu'est ce qui est faussé ? il me semble que cet écrit est fait d'apriori, d'ignorances sur les sujets abordés. Toutes les relations avec ces personnes vivant au plus profond de cette jungle relèvent plus d'une forme de sensualité des gestes et signes que des rapports d'équivalences. Personne n'a cherché à établir une équivalence, mais tout le monde a cherché à échanger et partager. Au pôle nord, la seule sensualité que j'ai pu vivre fût celle avec le monde climatique, géologique et animal...
Et d'ailleurs sur ce blog, on peut voir à quel point, la vie sur les bases polaires est différente de celle de la communauté shiwiar. Cette dernière est purement hédoniste alors que celle des bases polaires se rapprocherait un peu de la vie de nos casernes par son découpage temporel imposé par les mesures scientifiques, où chaque minute se doit d'être exploitée...
Ainsi tout mon travail n'est pas une ré-interprétation du réel mais une tentative de vie du réel...par tentative de "vie du réel", j'entends "habiter le réel"...

photo: Baleine Bélouga prenant sa respiration

lundi 3 septembre 2007

Les cercles du temps

Point d'images figurant le temps, le temps est un cercle, le cercle est une ouverture, un cycle, un champ. Le pôle nord, est un cercle au 80 degré nord, zone de grand froid, de temps divers:

- Le temps géologique où dans les terres du Svalbard, tout rappelle des natures perdues, figées: Les forêts fossilisés, les cadavres gelés des baleiniers dans des cercueils ouvert à la blancheur mortelle. Les squelettes blanchis des bélougas, phoques, morses. Les vertèbres abandonnées et arrogantes. Les roches schisteuses plissées cisaillant les éléments, déchirant les nuages du haut de leurs éternités passées. Les glaces plissées et mordorées creusant les fjords. Les côtes gangrénées et érodées par les flots aciers...

- Le temps corporel, criant de douleur sous l'agression des rhumatismes, quand les températures montent au dessus de zéro. Cette humidité moisie et froide qui ronge toutes les chairs pour faire greloter, frissonner. Le froid négatif qui provoque des douleurs affreuses à l'extrémité des doigts pour provoquer des frissons douloureux dans les membres. Ce froid coupant, cisaillant par traitrise la peau à la commissure des yeux, et dans les divers plis de notre corps...

- Le temps solaire qui étire les nuits et les jours pour les rendre interminables et insupportables. Ce jour sans fin qui interdit le sommeil et les rêves. Cette lumière blafarde qui aveugle et rappelle la course de notre planète autour du soleil...

- Le temps de la terre, qui vous expose une terre dénuée d'humanité où les hommes sont des intrus. Ce temps qui vous pousse au mystique par le silence écrasant et la contemplation des lieux qui vous condamnent.

- Le temps animal quand par la majesté d'un ours polaire dressé vous fixe dans les yeux avec une expression si humaine, vous invitant presque à vous cajoler dans son pelage quand d'un coup de patte il peut vous arracher la tête. La virtualité de sa présence entaillant votre dos du poids d'une carabine de calibre 308 vous torturant pendant vos déplacements . Le temps d'un souffle entendu, celui de la respiration d'une baleine dans cette immensité silencieuse. ce souffle qui suspend le temps sous un ciel acier en déformant une surface miroir.

Tous ces temps inhumains qui vous rappellent l'incongruité de votre présence et la stupidité des explorateurs nantis puant le fauve que vous croisez en ces lieux. Ces gens qui portent leurs souffrances, et puanteurs comme des trophées de leur masochisme transformé en exploits. Ces pseudo explorateurs marchant sans but si ce n'est celui d'emprunter les pas des récits héroïques des temps des origines de notre modernité !

C'est de tous ces temps que mon installation vidéo essaye de rendre compte, par une image semblant fixe, dont la lumière ne change pas, mais fait un tour d'horizons en 24 malheureuses heures...

dimanche 26 août 2007

"Dioxine in Lowenbreene"


"Dioxine in Lowenbreene" huile sur toile, 100 * 81 cm

Lowenbreene est une zone de mesures au Nord de Ny Alesund, je suivais les équipes de glaciologues français là bas, ils prenaient des échantillons de neiges et de glaces pour l'étude de la pollution locale au mercure, et je les photographiais (voir les photos sur le blog). Je peins toujours d'après images, écrans ou photos...
Tout le Spitzberg est contaminé par des dioxines que l'on retrouve dans les chairs de toutes les espèces présentes. Toute la chaine alimentaire est touchée, toute la biodiversité locale est gravement contaminée. Et cette pollution est d'origine anthropique, c'est à dire de notre fait et mode de vie.
J'ai donc eu l'idée de peindre ce paysage avec ces scientifiques au travail dans un décor à la lumière étrange, et une nature semblant vierge avec une présence humaine paraissant paisible... Avec en surimpression la représentation d'une des dioxines les plus toxiques:
Il s'agit d'un représentation de la TCDD: 2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine, surnommée dioxine de Seveso (en référence à la catastrophe de Seveso). Elle est une molécule de la famille des polychlorodibenzo-p-dioxines.

La molécule:
- Les boules rouges sont des atomes d'oxygène
- Les boules violettes sont des atomes de chlore
- Les boules bleues sont des atomes de carbone, les boules grises sont des atomes d'hydrogène...
Vos commentaires sont les bienvenues

Valéry Grancher

mardi 21 août 2007

La fonte des glaces arctiques s'accélère


Présentation :
Selon des scientifiques américains, la fonte des glaces s'accélère. En Arctique, la banquise a atteint son plus bas niveau historique.

Selon des chercheurs de l'université d'Illinois Champaign-Urbana, la fonte des glaces s'est accélérée en Arctique et la banquise a atteint son plus bas niveau historique dans l'hémisphère nord. Ils estiment que les records seront largement dépassés avant la fin de l'été.
Selon des données publiées jeudi sur internet par ces chercheurs, le niveau des glaces dans la région de l'Arctique a franchi un seuil record 30 jours avant la date à laquelle le plus bas niveau est habituellement enregistré chaque année.
"Aujourd'hui, les glaces de l'hémisphère nord ont atteint leur plus bas niveau historique", a affirmé William Chapman, météorologue qui étudie le climat arctique à l'université d'Illinois.


"Ce nouveau record intervient un mois avant le minimum annuel habituel. Il reste encore un mois, ou plus, de probable fonte cette année. Il est donc quasiment certain que le précédent record de 2005 sera pulvérisé vers la fin de l'été", a ajouté William Chapman sur le site internet de la revue américaine The Cryosphere Today (site).

Les scientifiques ont ajouté que, cette année, la fonte des glaces s'étend sur des zones géographiques plus étendues que les autres années où les niveaux ont été historiquement bas. "La fonte des glaces en 2007 est unique dans la mesure où elle concerne tout le secteur de l'Arctique. L'Atlantique, le Pacifique et même des secteurs de l'Arctique central montrent de grandes anomalies", ont-ils affirmé.

Sources 25/07/07:
- Le Monde
- Le Nouvel Observateur
- Année polaire

Photo: IPEV

lundi 20 août 2007

Deux siècles de pollution


Equipe de scientifiques faisant des mesures


Deux siècles d’industrie en Amérique du nord ont chargé les glaces arctiques de poussière de charbon, réduisant leur pouvoir réfléchissant et accélérant la fonte. L’effet vient d’être mesuré avec précision.

La combustion des ressources fossiles dans l'industrie et du bois dans les incendies de forêt génère des poussières de carbone (Black Carbon - BC) qui altèrent les propriétés chimiques et physiques de l'atmosphère ainsi que l'effet albédo de la neige.

Différentes mesures effectuées dans des carottes de glace indiquent que les sources et les concentrations de BC dans les précipitations au Groenland ont connu de larges variations depuis 1788, résultats de feux de forêts boréales et de l'activité industrielle. En particulier, après 1850, les concentrations de BC dans la glace ont été multipliées par 7 avec des pics apparaissant lors des hivers.

Les apports de ces deux sources ont pu être déterminés par la mesure de l’acide vanillique (signature des feux de forêt) et du soufre (produit par l’utilisation de combustibles fossiles). « Il est clair que l’essentiel de l’augmentation de concentration en suie à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème provient des émissions de l’industrie, probablement de la combustion du charbon » analyse Joe McConnell. Le pic d’émission semble être intervenu entre 1906 et 1910, période pendant laquelle le dépôt de suie a été huit fois supérieur à ce qu’il était avant l’ère industrielle.

Cette charge en carbone a une fâcheuse conséquence : le pouvoir réfléchissant de la glace (ce que l’on appelle l’albédo) se trouve sensiblement diminué, ce qui augmente l’absorption de l’énergie solaire. La couverture glacée se réchauffe donc plus vite et la fonte intervient plus facilement.

Source : IPEV? 20th-Century Industrial Black Carbon Emissions Altered Arctic Climate Forcing, Joseph R. McConnell, Gregory L. Kok, Mark G. Flanner, Charles S. Zender, Eric S. Saltzman, J. Ryan Banta, Daniel R. Pasteris, Megan M. Carter, Jonathan D. W. Kahl ; Science DOI: 10.1126/science.1144856, 09 août 2007.

vendredi 10 août 2007

Mercure



Voilà une vidéo publiée par l'IPEV au sujet de la pollution au mercure dans le Spitzberg. L'équipe filmée est exactement celle dont un des membres est représenté dans ma dernière peinture "PCB". Le titre ne décrit pas la scène réelle, mais la peinture représente une scène réelle: analyse des neiges et glaces pour la chimie du mercure, et le titre lui, parle d'un autre polluant tout aussi présent et analysé par d'autres équipes...

samedi 4 août 2007

PCB



"PCB dioxin 79° North 12° East", oil on canvas (92 * 73 cm) 4.08.2007.


Au Spitzberg, il n'était pas rare de voir sur les glaciers et les flancs neigeux, des scientifiques en tenue de laboratoire (afin d'éviter de contaminer les échantillons) en train de faire des prélèvements. Et dans ces prélèvements on retrouve après analyse, des taux de mercure vingt fois plus important que n'importe où, et on pense savoir que cela est du à des raisons anthropiques. Et puis on trouve également des taux impressionnant de différentes dioxines dont les plus dangereuses comme les PCB...
Ainsi, ces dioxines s'accumulent sur les différents maillons de la chaine alimentaire et en bout de chaine, les grands prédateurs tels que les humains et les ours polaires sont mille fois plus contaminés que le crill....
Et ces dioxines sont d'origines anthropiques (industries, incinération des déchets ect... ect...)

vendredi 3 août 2007

Tout va bien aux Pôles

Libération ce matin: lien

"«Une première mondiale», «Sensationnel !», «Plus dangereux encore que de sortir dans le cosmos.» La télévision et les médias officiels russes ont retrouvé l’enthousiasme de la conquête spatiale pour narrer la progression de l’Académicien Fiodorov vers le pôle Nord. L’orgasme a été atteint ce jeudi quand deux bathyscaphes, ou sous-marins de poche, sont descendus jusqu’à 4 302 mètres de profondeur à la verticale du pôle pour planter au fond de l’océan arctique. un petit drapeau russe. «Toucher le fond à une telle profondeur, c’est comme faire le premier pas sur la Lune» , a expliqué Artour Tchilingarov, le chef de l’expédition.

Avant de partir, cet océanologue, député au parlement russe, avait souligné le sens aussi politique que scientifique de cette expédition : « L’Arctique est à nous et nous devons y montrer notre présence.»
L’océan arctique recèlerait d’énormes réserves de pétrole, de gaz, mais aussi d’étain, or, nickel, manganèse, plomb, platine et diamant, font miroiter les savants russes. Avec les progrès techniques et le réchauffement cli­­matique, ces réserves pourraient justifier une prochaine conquête du pôle, plaident-ils."

Quand dans ce blog, avant mon expédition, je racontais ma visite inopportune d'un séminaire dédié à l'énergie où il se disait que le réchauffement global et l'épuisement des ressources actuelles étaient synonymes de plus values substantielles, de bénéfices et d'un future radieux pour les compagnies pétrolières !
En effet la flambée du prix du baril va permettre d'augmenter les marges nettes, et des exploitations plus couteuses. Le réchauffement faisant disparaitre la banquise arctique, rend l'implantation des plate-formes pétrolières possibles et rend possible l'exploitation des ressources qui vont évacuer la notion de pénurie sans pour autant faire baisser le cour du baril et les bénéfices...
Mais le plus drôle est que les émissions de CO2, des gazs à effet de serres, la destruction de la couche d'ozone dans la haute atmosphère sont dus à la consommation à outrance d'énergies fossiles. Alors les problèmes iront en s'amplifiant, un réchauffement plus important qui permettra l'exploitation du méthane et du butane du du pergosol.
Les conséquences de ce réchauffement, en partie, à cause de ces raisons anthropiques, sont connues, les dégâts qui en découlent également (typhons, orages, inondation, destructions...). Ces couts sont supportés par les états, et non pas, par les compagnies pétrolières. C'est peut être là, le coeur du problème et le nid de nos futures crises de société.

Par ce fait qui n'est pas innocent de la part des Russes. Le Pôle retrouve sa position stratégique dans notre monde globalisé: Qui va s'accaparer ces fabuleuses richesses ? Le drame de Thulé n'aura pas suffis...

dimanche 29 juillet 2007

80 Hg .


"80Hg.", huile sur toile (100 * 81 cm) 29.07.2007.


Le mercure est un élément chimique de symbole Hg et de numéro atomique 80. Ce numéro est également sa position dans le tableau de Mendeleev.
Bref, pourquoi ce sigle, parce qu'il est à l'origine de la première toile que voilà. Elle a été peinte après mon retour de l'arctique. La lumière et la pureté des paysages me fascinaient, et en même temps, symbolisaient à mes yeux, notre pouvoir destructeur et nocif !
En effet ces paysages, ces terres, sont 20 fois plus pollués au mercure que n'importe quel autre endroit sur notre planète. Cette pureté est souillée par nos activités...

vendredi 27 juillet 2007

Ca y est !!!



Pour ceux qui l'attendent depuis mon retour, l'installation vidéo "Geopol" (24h00) est installée depuis ce matin à l'Espace d'Art Concret de Mouans Sartoux près de Nice, et, cela jusqu'en Janvier 2008.
N'hésitez pas à venir la voir et vous serez fasciné par les lumières et l'espace arctique.
Et pour ceux qui doutent encore de l'endroit où ont été tournées ces images, suivez la flèche rouge sur la photo satellite ci-contre...
Ne manquez pas demain soir le sujet de 12 minutes sur mon séjour en Arctique sur ARTE à 20h00 (Metropolis)

mercredi 25 juillet 2007

Tous à vos TV


Allumez votre TV !!! le 28 Juillet 2007 à 20h00 et connectez vous à ARTE et regardez Metropolis !!!

samedi 21 juillet 2007

Média temps


La peinture est bien le média le plus lent comme je le disais à mon retour de la jungle amazonienne. Cette expédition polaire a nourri nombre de nouvelles pièces: installation vidéo, installation murale, photos, installation photos...
Et voilà qu'un mois plus tard, les premières toiles de lin se tendent sur des chassis de pin, pour donner naissance à de nouvelle pièces. En effet, mes peintures n'ont rien de naturalistes, elles sont certes figuratives, imagières mais fortement conceptuelles... Ces fameux petits cailloux faits d'épiphanies, finissent par s'assembler à l'issue d'une longue digestion mentale des impressions et expériences vécues sur place, pour donner des images produites par la main.
C'est ce qui me fait dire qu'en fait le média peinture est le média le plus long, il n'a rien d'instantané dans mon cas (la photo est là), elle n'a rien à faire avec l'espace et le mouvement et 'le temps image' cher à Deleuze (la vidéo est là), la collusion du présent de l'espace non plus (internet est là), le récit et le verbe non plus (l'écriture est là)...
Non, mais rien n'est là pour ces traces mentales, visuelles, digérées, hors du langage si ce n'est la peinture.

Valéry Grancher

mercredi 18 juillet 2007

L'art des petits cailloux


L'art est bien trop souvent pris au sérieux, ou encore pris trop en dérision, mais rarement comme un état. Comme "être" est un état. Comme un état du regard. Cet état fait de petits cailloux assemblés, glanés ici et là des déambulations mentales...
Souvent, toujours, pour ma part, mon art est nourri de ces échantillons glanés ici et là... du monde de l'art, de la nature, du monde, des sentiments, de mes voyages de la jungle aux pôles.
Derrida, ce philosophe mort, partait de gros morceaux pour les dé-construire, je fais l'opposé, je pars de petits morceaux égarés pour construire de gros blocs. Evidemment cela parfois donne des choses erronées, elles font sens...
Le langage est ainsi, ainsi Joyce appelait cela "épiphanies"...
Ce plan de 24h00, est aujourd'hui fini, il est une de ces épiphanies...

Valéry Grancher

mardi 17 juillet 2007

Un Britannique au Pôle Nord



"L’explorateur et nageur britannique Lewis Gordon Pugh, 37 ans, a annoncé dimanche avoir nagé dans les eaux glacées du Pôle Nord, une performance destinée à éveiller les consciences sur le réchauffement de la planète et la fonte des glaces.

Le sportif a publié un communiqué dans lequel il dit avoir parcouru un kilomètre à la nage en 18 minutes et 50 secondes dans une eau à -1,8 degrés celsius, l’eau la plus froide dans laquelle un homme ait jamais nagé. «J’espère que mon initiative va pousser les dirigeants de ce monde à prendre en considération les changements climatiques», a déclaré Pugh, «Les décisions qu’ils prendront au cours des prochaines années détermineront la biodiversité de notre monde. Je veux que mes enfants et leurs enfants sachent que des ours polaires vivent toujours dans l’Arctique», a-t-il ajouté.

Le sportif s’est dit «exalté d’avoir réussi avec succès ce défi» tout en soulignant que cette expérience était à la fois un «triomphe et une tragédie». «Un triomphe d’avoir pu nager dans des conditions aussi difficiles, mais une tragédie que cela soit possible au Pôle Nord», a-t-il relevé.

Cette performance n’a pu être possible en effet qu’en raison du réchauffement climatique. «Depuis les années 80 et 90, la glace de l’Arctique a fondu et on trouve désormais de l’eau ici et là», a déclaré à l’AFP Ralf Döscher, océanographe à l’institut suédois de météorologie. Selon Hugh, «Ce genre de trous dans la glace vont devenir bien plus fréquents à l’avenir»

Lewis Gordon Pugh est l’un des seuls sportif à avoir réussi à nager sur de longues distances sur chacun des cinq continents. En 2004, il avait réussi à effectuer 204 kilomètres le long du Sognefjord, le plus long fjord de Norvège."
Lien du blog de cette expédition:
http://www.northpoleswim.com

Source: Libération
Commentaire: Je ne sais quoi penser face à ce geste !!! je suis perplexe...

samedi 14 juillet 2007

Architecture


L'architecture au Spitzberg est une notion non esthétique mais essentiellement fonctionnelle. Les bâtiments sont construits pour assumer leur rôle et protéger. Les préoccupations d'ordres esthétiques n'entrent pas en ligne de compte. Si un aspect esthétique est présent, il est issu tout simplement des 'usages du faire' issu de la tradition scandinave, d'où cet aspect traditionnel de la majeure partie des bâtiments. Mais durant la prériode d'exploitation minière intense ou encore pendant la guerre froide, les différents pays sous des alibis scientifiques, s'observaient et se testaient, et cela est toujours le cas de nos jours...
On ne compte pas sous la banquise, le nombre de sous marin coulés, on ne compte pas non plus la houille polluant la toundra dans les alentours de Ny Alesund. Le Pôle nord était pendant la guerre froide une zone hautement stratégique, car représentait le chemin le plus court pour des missiles inter-continentaux entre l'est et l'ouest et inversément... Et les îles telles que celles du Svalbard représentaient des enjeux énergétiques...
Quand on s'égare en dehors de Ny Alesund, des témoins restent de ces périodes comme ces anciens bâtiments habritant les haut fourneaux à l'époque de l'exploitation minière...

vendredi 13 juillet 2007

Diamant


Sous vos pas, le sol se dénude et dévoile des diamants qui s'évaporent...

Achromie


Parfois la lumière et les éléments annulent toutes couleurs au profit d'une achromie onirique...

Horizontale bis


L'horizontale définit un rythme hypnotique dans ces étendues polaires...
L'air, la terre, l'eau, les trois éléments en harmonie

Horizontale

jeudi 12 juillet 2007

Le Glacier


Comme je le disais précédement, les pluies, les ruissellements, les fontes, les sédiments colorisent les glaces et donnent des couleurs au paysage.

Le sol



Le sol près des glaciers pendant cette débâcle, représentent des milles feuilles de glaces, sédiments, végétaux, roches, eaux... Et tout cela interagit et donne des textures d'une beauté sidérante.

Le fjord


Débacle


La débâcle avait débuté la dernière semaine de mon séjour, et je n'avais pu en parler, car d'autres sujets plus importants sur le moment occupaient ce blog. Mais là, ce jour, le Svalbard est en pleine débâcle. En effet avec l'arrivée de l'été polaire, les températures montent jusqu'à 5° C, et tout le monde sait que les glaces commencent à fondre à zero...
Le plus fascinant dans la débâcle, est le déploiement des couleurs: celles de la toundra qui apparaît, celles des glaces charriant roches et terres, et celles des sédiments et des icebergs dans les fjords.
Pour s'en rendre compte il suffit de faire face à un glacier, et là, le son, les bruits de craquements, de fissures, les effondrements résonnent de façon assourdissante. Tant l'hiver par beau temps déploie son silence méditatif, tant l'été devient wagnérien. Et on attend à chaque détour des walquiries...

mardi 10 juillet 2007

Blanc


On n'imagine pas la richesse du monochrome. Si la couleur blanche est l'adition optique de toutes les couleurs, cela se vérifie dans le Svalbard et en arctique: La lumière filtrée par les nuages, la brume; et celle réfléchie, réverbérée par les neiges, glaces et cristaux vous donnent la pleine mesure de cette couleur. Les modulations sont infinies, et donnent le vertige. Ces modulations résonnent en mon esprit et feront certainement, très prochainement oeuvres...

samedi 7 juillet 2007

Temps mort ?

Pas de photos ? normal ! l'autre ordinateur est toujours en calcul pour l'installation vidéo et stocke également les photos... mais que dire de ce paysage montré par cette installation ? Je ne peux effacer cette majesté de mon esprit, je ne peux oublier cette solitude nécessaire et méditative a l'origine de cette installation. Marcher sans cesse, pendant 24H00, pour changer toutes les heures la cassette de la caméra qui tourne. Ces allers et retours dans cette immensité, cette solitude, cette contemplation vous amène a compter vos pas. Ces pas sont votre méditation sur votre poids en ce monde, dessinant vos empreintes dans ce monochrome blanc. Ce n'est pas une marche wagnerienne qui vous apportera la paix en ces lieux, mais le regard....

jeudi 5 juillet 2007

La symbiose



Il n'est plus question de tracer des murs, des limites entre les territoires, entre les règnes végétaux, les règnes animaux, humains... IL en va de la survie et de la persistance de la vie en ce bas monde. Et cette survie ne peut passer que par le fait d'habiter notre monde. Habiter signifie "vivre avec..." et non pas coloniser, transformer, mais vivre en symbiose...
Et les scientifiques se doivent d'être exemplaires: Si de par le passé, je ne pouvais dans ce blog faire allusion (pour des raisons purement politiques) à certains comportements de résidents de Ny Alesund, se laissant aller jusqu'à abandonner des bouteilles de bières vides sur les glaciers, ou des sacs de prélèvement... Aujourd'hui, je ne me gêne plus de dire ce que je pense: A quoi cela sert d'analyser ? à quoi cela sert de regarder ? si l'on ne considère pas que l'observateur transforme ce qu'il regarde et que cette observation se doit d'être faite dans le plus grand respect du sujet observé ? La vie est avant tout un précepte de respect, et la science n'autorise pas tout...

Ces clichés a été pris à Ny Alesund:
Ce massacre des phoques sert à nourrir les chiens !
N'y a t'il pas d'autre moyens de nourrir les chiens quand on sait que Ny Alesund est doté d'un aéroport et d'un port régulièrement visité ?
Des dizaines de phoques sont fusillés, dépecés sur un vulgaire billot de bois et pendus à l'air libre pour faisander leur viande, et, nourrir les chiens. Cette viande est accrochée en hauteur, pour éviter qu'elle soit volée par les ours polaires. Les croquettes sont pour le coup moins exotiques.
Et là est tout le paradoxe:
A Ny Alesund, des océanographes, des spécialistes traquent les phoques pour leur coller sur le dos des "satellites tags" pour mieux mesurer leurs déplacements, la façon dont ils vivent, se nourrissent. A dix mètres de là, le personnel de la kingsbay prennent des skidoos, chassent ces phoques, pour nourrir les chiens.
Alors que des croquettes pourraient être amenées régulièrement, mais un 'dogyard' épate toujours la galerie, surtout les carcasses et squelettes huileux des ces pauvres phoques ! quand des touristes visitent Ny Alesund, cela fait plus authentique...

Que l'on ne me parle pas de culture locale, il n'y pas de culture locale au Svalbard, il n'y a jamais eu d'indigènes, et les humains ici ne sont pas aussi dépendants pour leur survie que les indigènes des régions arctiques qui chassent pour se nourrir. A Ny Alesund, toute la nourriture est importée par air et voie navale !!!

Vous voulez connaitre un autre paradoxe?
A Ny Alesund il est interdit de sortir des sentiers par mesure de protection de la toundra; mais que se passe t'il sur les sentiers ? Toute la journée pour faire 10 mètres, ou 100 mètres on roule à toute vitesse en 4*4 diesel et qu'importe la pollution aux aérosols ! la toundra l'apprécie très certainement en périphérie. Car ici, je n'ai pas encore vu de véhicules électriques ou à l'éthanol... Et que dire de la pression touristique qui commence en Juin ? où l'on voit débarquer au port des centaines de touristes colonisant pour une journée le village de Ny Alesund, C'est sur que ces visites bruyantes ne stressent pas les oiseaux qui nichent....
Bref les contradictions sont sans nombre ici(chaque paquebot paye sa taxe).
Et ne parlons pas des aérosols lâchés dans les eaux du Kongsfjorden par ces immenses paquebots....
Et Que dire quand le Lance, bateau scientifique norvégien accoste sur le port de Ny Alesund, et, fait repeindre sa coque en rouge sans être en cale sèche ?
Ainsi de belles gouttes de peintures rouges disparaissent dans les eaux du Fjord et ce n'est pas de l'acrylique ! et au diable les métaux lourds et pigments...
Bref, on parle beaucoup d'écologie là bas, mais surtout pour faire bonne mesure devant les caméras, et je peux dire que cette écologie n'est pas toujours mise en pratique.
Et pour avoir bonne conscience, on peut acheter dans la boutique de la kingsbay un DVD qui explique en détail ce que j'écris ici, et tout cela est expliqué par le station leader norvégien ! titre "Spitsbergen an arctic wonderland" et on peut lire au dos de ce DVD "The arctic is undoubtedly good for the tourists, but are the tourists good for the arctic ?"

Fascinant n'est ce pas ?

Bref, le but n'est pas de définir des coupables, car on sait très bien que ces communautés oeuvrent pour une meilleure perception de notre monde. Mais il est important que quelque soient les bonnes intentions, que les comportements soient modifiés, que ces structures se réforment, il est encore temps.
Je ne parle pas des autres stations dans le sud, où pendant des années les déchets étaient stockés en plein air sans précautions (Nombre de discussions avaient lieu au cours de diners avec les scientifiques sur ces sujets, et ils savaient traversé plusieurs stations). Je ne parle pas des bases polaires laissées et abandonnées en plan sur place, à cause des gouvernements de tutelle qui coupent les budgets dédiés à la recherche !
Alors non seulement ces structures se doivent de se réformer, mais l'état se doit d'assumer ses responsabilités !
Car les déchets des laboratoires sont certainement parmi les plus toxiques qui soient. On ne peut plus se comporter de cette façon.
J'ai pu constater sur place, la lucidité de chaque individu faisant attention, et adoptant un comportement rigoureux au regard de ce respect de la nature, mais tout autour d'eux la structure, l'administration, certains scientifiques, le personnel des compagnies privées, les compagnies privés, les états, eux ... n'ont pas ce genre de scrupules, comprenez, ils travaillent pour des projets si nobles...

NB/ Ces clichés ont été pris avec un compact 24*36 russe nommé lomo, et je n'ai reçu que ce jour ces clichés, d'où la publication tardive de ce billet

mardi 3 juillet 2007

"On fait le mur !"




Cela est fait, l'expo est lancée. Cela s'est passé avec beaucoup de monde, ce dimanche 1er Juillet. Le temps était au beau, ce magnifique lieu baigne dans les chants de cigales, les cyprès entourant ce château médiéval parfument les salles. Gottfried Honegger et Sybil Albers étaient présents, fort encourageants au regard des artistes qu'ils croisaient... Les politiques et les institutionnels également...
Bref un vernissage tout à fait normal.
Pour ma part, je suis dans la première salle. Je suis très satisfait de l'accrochage: Dans cette salle se trouvent un Felix Gonzalez Torres et deux Miltos Manetas. Les dialogues entre les pièces fonctionnent très bien.
Voilà quelques images de mes pièces dans cette salle....

Bien sur, si vous êtes de passage à Mougins, St Raphael, Nice, Vallauris, St Paul de Vence, Monaco, Ramatuel, bref, n'hésitez pas à faire un petit détour vers Mouans Sartoux pour visiter l'espace d'art concret qui est un très beau lieu avec une très belle collection permanente dédiée à l'abstraction géométrique, et profitez en pour voir cette exposition présentant plus de vingt artistes allant des premiers conceptuels comme Lawrence Weiner aux plus jeunes générations comme Djamel Kokene ("le musée du monde"). Le questionnement des territoires, des flux et des médias électroniques sont au coeur de cette exposition...

Pour mes vidéos, l'installation polaire passera après celle de l'amazonie visible à l'image, après le week end du 14 Juillet et ce, jusqu'au 6 Janvier 2008. En effet cette expo est amenée à évoluer dans le temps...

vendredi 29 juin 2007

Vernissage "On fait le mur !"


J'ai le plaisir de vous convier demain au vernissage de l'exposition "On Fait le mur!" à l'espace d'art concret de Mouans Sartoux près de Nice (donation Albers - Honegger).
Voilà la première image reçue sur mon téléphone mobile par le commissaire Jean Marc Avrilla de mon installation "Arctic pop !".

Quelques explications sur cette installation:

1- Le choix des logos a fait l'objet d'un travail d'inventaire sur Ny Alesund, seules les logos fortement présents sur Ny Alesund ont été peins: On consomme beaucoup de coca cola, on utilise des appareils sony, nikon, on se déplace avec des snowmobiles yamaha ect... ect...

2- Les bois de rennes, ont fait l'objet nons pas de recherches et de collectes spécifiques, mais ils ont été collectés durant des déambulations dans les glaces arctiques (glaciers, montagnes ect...), lors de plusieurs expéditions en ski de fond (soit des centaines de km parcourus dans les glaces...)

3- Le fait de peindre sur ces cornes collectées, parfois sciées pour enlever les morceaux en décomposition, fait aussi l'objet d'un processus spécifique: J'ai organisé une expédition d'une journée pour remonter le kongsfjorden (le fjord du roi) en bâteau pour accéder glacier du roi, le plus gros glacier de la région, où nous avons effectué une expédition pour collecter de l'eau de ce glacier vieux de 15000 ans avec un géricane de 25 litres. Puis cette eau fût ramenée à Ny Alesund pour servir de diluant à mon acrylique.

Conclusion: Cette pièce ne peut être que produite que là bas, il serait annecdotique de peindre des logos de façon aléatoire sur des bois ;-)

Bref le terme "arctic pop" consiste à utiliser le langage artistique des indigènes de l'arctique qui utilisent pour supports et diluants, les ressources de leurs environnement naturel pour représenter leurs symbologies chamaniques, je questionne ce peut être la "symbologie" de notre société en ces lieux.

Cela vous donne 'ores et déjà un aperçu, je serai présent dès demain et dimanche sur les lieux, je ne manquerai pas de faire de meilleures photos de mes installations, qui seront alors mises en ligne sur ce blog.

Crédit photo: Jean Marc Avrilla
excusez la qualité de l'image il s'agit d'un "mms"

jeudi 28 juin 2007

Tourisme polaire...


L'accélération rapide du tourisme en milieu polaire menace l'environnement

4 juin 2007 – Le tourisme polaire a considérablement augmenté au cours des dix dernières années, ce qui pose de graves questions quant aux éventuelles conséquences négatives pour l'environnement et les populations locales, s'inquiète le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement.
« En Arctique, le nombre de touristes est passé d'environ 1 million au début des années 90 à plus de 1,5 million actuellement », souligne un communiqué publié hier à Tromso en Norvège et à Nairobi.

« En Antarctique, le nombre des touristes sur des bateaux de croisière a augmenté plus de quatre fois dans les quatorze dernières années, et celui des touristes terrestres de plus de sept fois dans les dix dernières années », est-il indiqué.
Dans le même temps, les pratiques de gestion et les infrastructures adéquates en Arctique et en Antarctique ne sont pas suffisantes pour gérer le flot de touristes en augmentation.

L'adoption et l'application de politiques et de programmes appropriés deviennent très pressantes.
Ces thèmes clés sont inscrits dans le nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE)
Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE, a souligné que « des régions qui ont été longtemps le domaine exclusif des communauté locales et indigènes ainsi que des scientifiques sont à présent incluses dans les circuits touristiques et les itinéraires des bateaux de croisière » ».
« Le nombre élevé de visiteurs et les activités pratiquées peuvent porter atteinte à la fragilité de certains de ces écosystèmes uniques et biologiquement riches. Cependant, le tourisme est une activité qui contribue à la conservation de l'environnement polaire ainsi qu'au bien-être et même à la survie des communautés locales en Arctique, pour peu qu'il soit géré de manière durable et qu'il engendre des bénéfices partagés de façon équitable », dit-il.
Selon le nouveau rapport, publié conjointement avec The International Ecotourism Society (TIES), il existe de réelles préoccupations quant à la dégradation environnementale en milieu polaire (surtout en Arctique), liées à l'industrie touristique en pleine expansion, particulièrement en ce qui concerne les terres, la faune et la flore, l'eau et d'autres besoins élémentaires.
Le nombre de visiteurs en Arctique ayant à présent largement dépassé celui des populations-hôtes des destinations les plus fréquentées, le maintien des pratiques culturelles locales est en danger et pourrait porter préjudice aux populations locales.
Selon Stefanos Fotiou, coordinateur de ce rapport et responsable du service Tourisme au PNUE, « à l'instar de ce qui se passe dans les îles Galápagos, les revenus touristiques pourraient financer des projets de conservation de la nature en milieu polaire ».
Quant à l'avancement des politiques et programmes du tourisme polaire, Stefanos Fotiou souligne encore que « l'important est d'adopter les bonnes approches face aux différentes situations prédominantes en Arctique et en Antarctique ».
« Ce dont nous avons maintenant besoin pour faire avancer les politiques et programmes pour le développement durable du tourisme polaire est de rassembler les informations existantes et créer de nouveaux outils pratiques, d'offrir un accès facile à ces informations et de mettre en oeuvre des projets-pilote qui contribueront à l'intégration d'un tourisme plus durable en Arctique. En Antarctique, les efforts doivent se poursuivre afin que les activités commerciales ne nuisent aux objectifs du Traité sur l'Antarctique, qui garantit à l'Antarctique le statut de réserve naturelle « consacrée à la paix et à la science ».
Le nouveau rapport publié conjointement par le PNUE et TIES trace les contours des particularités environnementales des régions polaires et décrit les multiples rôles et impacts du tourisme aussi bien en Arctique qu'en Antarctique.

Il décrit l'importance du tourisme polaire, en explique les tendances et les impacts, propose un agenda pour le développement d'un tourisme durable, en souligne les principes et donne des indications et des choix de bonnes pratiques quant à son application, afin de conserver ces étendues sauvages uniques par la régulation et la gestion du tourisme.

source:IPEV
Photo:IPEV

mardi 26 juin 2007

La vie



La vie est comme cette météo capricieuse en nos contrées, nous présentant un climat d'automne en plein été ! Tout allait bien, l'expérience polaire fût grandiose. Hier je travaillais sur les machines pour monter les images de "Geopol". Je rentre chez moi, j'ouvre la porte, le schnauzer nain qui m'accompagne depuis cinq années que j'avais laissé joueur, vient vers moi et se trouve en 1 seconde paralisé du train avant: Plus de réflexe au niveau de ses pattes avant. J'appelle SOS vétérinaire, le veto arrive une heure plus tard, juste pour entendre son dernier battement cardiaque. Il s'en est allé ainsi, avec un AVC (accident vasculaire cérébral). Cela peut paraître ridicule aux yeux de certains, ce n'est qu'un chien ! mais à mes yeux, je ne fais aucune différence entre le règne animal et humain, et il m'arrive souvent de préférer le monde animal qui assume son animalité à ce monde humain qui la refoule. J'avais parlé de cette symbiose homme / chien qui me fascinait au Spitzberg. C'est toujours très douloureux de vivre un tel évènement.
Alors je recevais ce jour d'une artiste norvégienne qui a accompagné mes deux dernières semaines au Svalbard un message: Elle succédait à Espen qui m'avait accompagné les deux premières semaines. Les norvégiens envoient à tour de rôle pour deux semaines, des artistes à Ny Alesund pour une résidence de travail en ces lieux...
Je nourris une correspondance avec ces artistes depuis mon retour, et je recevais en retour de ces mauvaises nouvelles, ces deux très belles photos ...

Montage de l'exposition



J'ai toujours lié les deux projets amazonien et polaire: Ils sont frères....
En effet il s'agit de deux captures spatio-temporelles de deux lieux extrêmes de notre monde, l'équateur et le pôle qui ont le même statut à mes yeux.
Il s'agit d'un "time ready made", où la temporalité des films est corrélée à celle du lieu d'exposition. C'est donc en toute logique que ces deux plans se succèderont à Mouans Sartoux dans l'ordre chronologique, comme un rappel de ce qui précède à la capture de cette temporalité polaire.
Le plan fixe amazonien sera présenté le soir du vernissage, jusqu'à ce que le calcul de la vidéo de 24h00 soit terminé, et ainsi le plan polaire remplacera le plan équatorien.
Pas moins de dix jours de temps de calcul, soient 240 heures sont nécessaires pour 12h00 de vidéo haute définition (sous final cut pro) sur une machine apple. Soient vingt jours et 480 heures de calcul pour 24h00 !!!
Le résultat est simple: un travelling de 360 degrés en 24h00...
Ce simple fait aura nécessité une logistique énorme, une performance physique éprouvante: être isolé et seul pendant 40h00 sans sommeil, en plein milieu d'un glacier arctique par des températures largement négatives. le corps a été mis à l'épreuve, j'ai souffert de douleurs à la limite du supportable, du froid. La moindre erreur et le projet disparaissait ! puis après cela, il y a le de-rushage, pas moins de dix jours ont été nécessaires, et enfin la génération du film, et 20 jours de temps machine...
Ce projet aura tout mis à l'épreuve, tant son auteur que les outils:
Je craignais que sous ce froid la caméra ne résiste pas et soit HS, elle a tenu. Le pied robotisé a énormément souffert lui...
Bref le projet se termine, et j'espère juste que les machines ne flancheront pas. Il sera donc montré et opérationnel d'ici une petite quinzaine.
Dans le deux blogs qui concernent ces deux projets, dont le résultat est simple (un plan), sont des cheminements. L'importance spectaculaire et démonstrative est inversément proportionnelle aux efforts et sacrifices déployés pour y parvenir. Les mauvaises langues diront 'tout ça pour ça' et glisseront sur ce projet de façon tout à fait superficielle. L'enjeu du projet n'est pas dans l'image, mais dans ce qui nourrit l'image, et le chemin parcouru pour cette capture d'un espace et d'un temps, à mes yeux, seuls ces éléments à la limite de l'absurde importent...
A l'inverse du grand spectacle globalisé qui nourrit de plus en plus le monde l'art pour devenir un "arternmaint" (contraction de "art" et "entertainment")...

dimanche 24 juin 2007

Frontières


Dans la région du Svalbard, les notions de territoires, de frontières deviennent totalement ineptes. Bien sur, cette remarque ne concerne que moi, et est totalement subjective, mais toujours est il, qu'il est vraiment difficile, dans un paysage aussi vierge d'avoir une pensée de ce genre. Le Svalbard a une identité nationale, cela va sans dire, quand on voit le mât flanqué du drapeau norvégien en plein coeur de Ny Alesund.
Mais aussitôt, ce village quitté, et que l'on se trouve à Geopol, où dans une des vallées de la périphérie du fjord, la seule frontière qui apparaisse est celle de l'horizon.
L'horizon, cette limite abstraite entre la terre et le ciel, les eaux et le ciel. Et ce qu'il y a de très étrange en ce pays, est que cette limite se dilue très souvent pour dessiner des paysages extrêmement abstraits.

vendredi 22 juin 2007

Ny Alesund



Pour des raisons diplomatiques, je n'ai jamais évoqué dans ces lignes quelle est la vie sociale à Ny Alesund, quand j'y résidais ;-) Je dirai qu'elle est très spéciale à ce lieu...
En effet, nous avons une petite urbanité faite d'une soixantaine de batis hébergeant les résidences et laboratoires d'une vingtaine de communautés scientifiques correspondant à une vingtaine de pays essentiellement européens et asiatiques. Cette communauté est la plus fluctuante:
Les campagnes des scientifiques courrent rarement sur une année: cela va de six à un mois. L'hiver, environ 25 à 35 personnes sont présentes à Ny Alesund, et l'été, la population peut monter jusqu'à 120, 130 résidents. En effet, en été, un grand nombre d'étudiants post-doctorants, doctorants, viennent ici approfondir leurs recherches et rédiger leurs thèses...

Et puis il y a les permanents, ceux qui résident depuis plusieurs années, qui connaissent aussi bien les hivers que les étés. Ils correspondent souvent aux permanents des différentes bases, mais c'est surtout le personnel de la Kingsbay.
La kingsbay est une société largement, voir essentiellement financée par le gouvernement norvégien:
Elle a le monopole sur tout:
- Le port lui appartient, et tous skippers de passage doit s'amender de frais de ports pour le compte de la Kingsbay
- Tous les bâteaux ravitaillant Ny Alesund sont affrêtés par la KingsBay
- Toute l'énergie (électricité, essence, charbons, chauffages de tous les bâtiments) est gérée par la Kingsbay
- Tout les bâtis et les terrains, sont gérés par la Kingsbay, à l'exception de certaines bases appartenant aux nations de tutelle des instituts polaires
- Le magasin, le pub, la poste appartiennent à la Kingsbay
- Le mess (restaurant), et, les repas sont servis par la Kingsbay, et facturés aux différents instituts polaires supportant les équipes de scientifiques. Et ces repas font l'objet de règles strictes (avant l'heure et après l'heure, à 5 minutes près, ce n'est plus l'heure !): Petit déjeuner de 7h30 à 8H30, déjeuner de 12 à 13h00, et dîner de 16H30 à 17H30 (pour le dîner, je ne vous cache pas que j'ai eu du mal à m'adapter...)
- Vous voulez louer un bâteau, un snowmobile (scooter des neiges), un fusil, cela se fait avec la Kingsbay
- Vous voulez vous habiller, c'est la même chose: les vêtements, pull, vestes vendus, sont commercialisés par la Kingsbay
- L'aéroport de Ny Alesund appartient à la Kingsbay
- La compagnie aérienne faisant la liaison entre Longyearbyen et Ny Alesund (hélicoptères, avions dornier) appartiennent à la Kingsbay, les pilotes et contrôleurs aériens sont du personnel Kingsbay.

Bref la kingsbay est omnipotente à Ny Alesund ! Elle fournit également tout le confort aux résidents, et, cela est assez luxueux: Un gymnase couvert avec terrain de basket ball, hockey, salle de musculation, sauna, salle UV, kayak, le tout mis à la disposition des résidents gratuitement.
Même chose pour la salle bibliothèque, la salle vidéo et la salle de billard assez belle, et luxueuse, avec vue sur le Kongsfjorden.

Le pub ouvre le samedi soir de 22h00 à 2H00 du matin, et les résidents se relayent pour gérer les débits de boissons, et les recettes financent toute l'infrastructure généreusement mis à disposition des résidents...

Alors d'où vient la Kingsbay?
Il y a environ cinquante années, et cela, depuis le siècle dernier, Ny Alesund était le lieu d'une exploitation industrielle des gisements de charbons ici présents. Et cette exploitation a été stoppée par un coup de grisou qui a fait un grand nombre de victimes. Alors la Kingsbay a décidé de transformer Ny Alesund en base avancée scientifique et d'assurer tout ce qui est nécessaire à l'établissement de bases polaires d'une vingtaine de pays à Ny Alesund. Ainsi, ils ont conçu et inventé une nouvelle forme de bizness, peu rentable, car ils sont largement financés par le gouvernement norvégien.

Alors quelle peut être la vie sociale dans un tel contexte ?
Grande question !!!

Car on peut dire que chaque équipe nationale est plongée dans ses travaux et optimise au mieux le temps imparti aux campagnes scientifiques. Il existe une très grande émulation et compétition entre différents pays sur certains sujets de recherches, et cela se ressent au niveau social. Les premiers jours, on est totalement isolé, mais il ne faut pas hésiter à aller à la rencontre des autres, et là, une socialisation débute, et cela se fait pendant les repas. Il suffit de s'attabler à chaque table, de chaque pays et de démarrer des conversations les liens se font... Ainsi on parlait de la victoire de Sarkozy ;-(
Et puis parler d'art socialise énormément ;-) suscite la curiosité !
Mon astuce consistait à parler de la couronne tawasap de Pascual (Chef shiwiar) que j'avais amenée avec moi à sa demande, et là, ce simple fait avait provoqué à Rabot la visite d'un grand nombre de personnes curieuses ;-)

Et puis il y a le samedi ! et là tous les gens de passages, de tous pays confondus (les scientifiques) sont surpris par le comportement des permanents de la kingsbay:
En moins d'un heure, ils engloutissent des quantités hallucinantes d'alcool pour se mettre dans des états lamentables. Naturellement, quand chacun doit payer sa tournée, je me retrouvais également dans un tel état ... (j'ai du consommer en deux semaines autant d'alcool qu'en 5 ans !). Et puis le lendemain, le dimanche, tout le monde regarde ses chaussures et personne ne dit mot. Sans dire que la population du restaurant, le dimanche diminue de moitié. Lundi, tout se passe comme si, ce samedi où tout le monde était minable, n'avait jamais existé !
Et puis rebelotte le samedi suivant !
Et ainsi, c'est le rituel du samedi qui provoque des règlements quelque peu surprenants pour des photographes:
Il est interdit de prendre des photos après 22H00 !

-> Car on craint de voir sur internet certaines personnes dans cet état, ainsi, au lieu de responsabiliser les individus quelque peu excessifs on pratique la censure...
Puis je découvrais qu'il y avait une raison politique:
En effet, des photos de beuveries avaient circulé sur internet et avait choqué les institutions norvégiennes qui financent la kingsbay ! et oui une photo prise à 2h00 du matin ne dit pas si elle a été prise à 14H00 ou 2H00 (la lumière ambiante).

Il y a également des règles assez étonnantes qui appliquées ici en nos contrées passerait pour être orientées idéologiquement:
->Il n'y a pas d'unités chirurgicale sur Ny Alesund, donc tous problèmes de santé peut devenir un gros problème...
Ainsi il est interdit d'être enceinte à Ny Alesund, il est également interdit d'être malade...
J'ai vu ainsi un ingénieur norvégien se plaignant chaque matin de son ulcère, se faire remercier, le voir prendre l'avion trois jours plus tard, pour aller trouver un autre job en Norvège à Tromso...

Et puis les armes circulent très librement:
-> On nous explique comment charger une carabine calibre 306 voir 308, on nous fait tirer sur trois cibles, on nous montre un 'power point' sur les ours polaires, et, nous voilà habiliter à se balader avec un tel calibre... je dirai heureusement que les locaux ont le vin bon ! car en discutant avec un scientifique venant d'Alaska, il me parlait des dégâts de l'alcool et des armes à feu dans sa région, et, il se disait être très surpris par cet aspect de Ny Alesund, ce qui alimentait quelque peu ma parano...
Mais d'un autre côté, sans fusil, il est impossible de bouger vu le danger de nourrir des ours polaires !!!
Et là je dois saluer la sagesse des allemands et des français qui mettent sous clefs et dans un coffre fort toutes les armes et munitions seulement accessible du "Station leader" possédant les codes et clefs. Si bien que toutes sorties sont enregistrées, et on doit rendre des comptes au chef pour toutes utilisations des armes et munitions.

Tout cela correspond à des conditions de vie dans un contexte extrême, et tout est lié à un fait précis... Et quiconque aurait une perception superficielle serait profondément troublé...

Mais une fois acclimaté à ce genre de société stricte, repliée sur elle même dans un lieu si extrême, on s'aperçoit que les liens sont très forts et cordiaux. Ainsi, cette ville qui n'en est pas une, oscille entre une utopie scientifique et la prosaïté du comportement humain, du "vivre ensemble". Et le modèle politique qui découle du "vivre ensemble" tel qu'il existe au sein de la kingsbay questionne...
Mais heureusement, les particularismes culturels de chaque pays, font que chaque groupe se forment par langue, et là, à Rabot et à Corbel la convivialité française me sauvait, où la douceur du vivre ensemble sévit pour le plus agréable et en bonne intelligence ;-)

Et peut être m'en voudra t'on pour ce billet et cette vérité ? mais après mon séjour dans une autre communauté humaine dans un autre environnement extrême: l'amazonie; on peut dire que ces environnements conditionnent énormément ces sociétés et communautés:
Ainsi, ce qui me paraissait dur chez les shiwiars, certaines règles de vies, certains rites (ceux du samedi) je les retrouvais ici à Ny Alesund. Finalement l'humain reste un humain quelque soit sa culture, et dès qu'une symbiose forte existe avec un environnement extrême, j'ai l'impression que des modèles politiques se reproduisent.
Ce qui me fait dire que le politique est certainement la chose la moins artificielle, mais un axiome humain:
Deux humains ensembles, isolés en pleine nature, définiront systématiquement un politique fait de règles sociales, de tabous, de rites et de règles de vie...

Je repense à Roland Barthes, quand il parlait de l'ascèse de la vie monastique, découlant d'une idiorrythmie dans des communautés fermées synchronisant les vies de chacun des membres du groupe ("Comment vivre ensemble" Cours au Collège de France). Ce que l'on pourrait prendre pour des dérives idéologiques, relève plus de ce que je qualifierai "d'ideomorphisme", au même titre que l'on fait de l'anthropomorphisme avec de la nourriture, provoquant ainsi un dégoût:
Ainsi quand on me servait en amazonie de la soupe de singe, avec une main recroquevillée dans mon bol, je ne pouvais m'empêcher d'y voir une main d'enfant cuite, au lieu d'y voir de la nourriture, et ainsi le dégoût naissait. Je pense qu'il en va de même avec les modes de vie monastique:
Ainsi on n'est pas surpris si l'on rentre dans une abbaye ou un couvent, et, que l'on nous dit, qu'il est interdit d'être enceinte en ces lieux de vie. Cela paraît normal car cela relève d'un fait culturel. Si on faisait une telle remarque dans nos lieux de vies habituels, cela serait perçu comme une dérive idéologique gravissime. Mais les lieux de vie, les communautés isolées dans ces environnements extrêmes, génèrent ce genre d'ascèse et de règles, toutes liées à des faits précis et relevant d'une forme de pragmatisme; mais notre 'backgroud' culturel et idéologique peut nous pousser vers ce que je qualifierai "d'ideomorphisme", ce qui me pousse à être prudent au regard de la répulsion qui est générée en moi au regard de ces modes de vies...

Effectivement, quand on discute avec les membres de cette communauté, on ne remarque aucun moteur idéologique, aucune intention idéologique quelqu'elle soit. Tous parlent de science, de recherches... et de possibilités de mener ces recherches avec la plus grande sécurité, sureté, efficacité...
Et la comparaison avec les phalanstère de Roland Barthes, n'est pas gratuite, car il apparaît que Ny Alesund est bien une sorte de phalanstère dédié à la science et à la recherche...

Les photos: Un vue de Ny Alesund, le bâtiment de la poste la plus proche du pôle nord au monde !