jeudi 5 juillet 2007

La symbiose



Il n'est plus question de tracer des murs, des limites entre les territoires, entre les règnes végétaux, les règnes animaux, humains... IL en va de la survie et de la persistance de la vie en ce bas monde. Et cette survie ne peut passer que par le fait d'habiter notre monde. Habiter signifie "vivre avec..." et non pas coloniser, transformer, mais vivre en symbiose...
Et les scientifiques se doivent d'être exemplaires: Si de par le passé, je ne pouvais dans ce blog faire allusion (pour des raisons purement politiques) à certains comportements de résidents de Ny Alesund, se laissant aller jusqu'à abandonner des bouteilles de bières vides sur les glaciers, ou des sacs de prélèvement... Aujourd'hui, je ne me gêne plus de dire ce que je pense: A quoi cela sert d'analyser ? à quoi cela sert de regarder ? si l'on ne considère pas que l'observateur transforme ce qu'il regarde et que cette observation se doit d'être faite dans le plus grand respect du sujet observé ? La vie est avant tout un précepte de respect, et la science n'autorise pas tout...

Ces clichés a été pris à Ny Alesund:
Ce massacre des phoques sert à nourrir les chiens !
N'y a t'il pas d'autre moyens de nourrir les chiens quand on sait que Ny Alesund est doté d'un aéroport et d'un port régulièrement visité ?
Des dizaines de phoques sont fusillés, dépecés sur un vulgaire billot de bois et pendus à l'air libre pour faisander leur viande, et, nourrir les chiens. Cette viande est accrochée en hauteur, pour éviter qu'elle soit volée par les ours polaires. Les croquettes sont pour le coup moins exotiques.
Et là est tout le paradoxe:
A Ny Alesund, des océanographes, des spécialistes traquent les phoques pour leur coller sur le dos des "satellites tags" pour mieux mesurer leurs déplacements, la façon dont ils vivent, se nourrissent. A dix mètres de là, le personnel de la kingsbay prennent des skidoos, chassent ces phoques, pour nourrir les chiens.
Alors que des croquettes pourraient être amenées régulièrement, mais un 'dogyard' épate toujours la galerie, surtout les carcasses et squelettes huileux des ces pauvres phoques ! quand des touristes visitent Ny Alesund, cela fait plus authentique...

Que l'on ne me parle pas de culture locale, il n'y pas de culture locale au Svalbard, il n'y a jamais eu d'indigènes, et les humains ici ne sont pas aussi dépendants pour leur survie que les indigènes des régions arctiques qui chassent pour se nourrir. A Ny Alesund, toute la nourriture est importée par air et voie navale !!!

Vous voulez connaitre un autre paradoxe?
A Ny Alesund il est interdit de sortir des sentiers par mesure de protection de la toundra; mais que se passe t'il sur les sentiers ? Toute la journée pour faire 10 mètres, ou 100 mètres on roule à toute vitesse en 4*4 diesel et qu'importe la pollution aux aérosols ! la toundra l'apprécie très certainement en périphérie. Car ici, je n'ai pas encore vu de véhicules électriques ou à l'éthanol... Et que dire de la pression touristique qui commence en Juin ? où l'on voit débarquer au port des centaines de touristes colonisant pour une journée le village de Ny Alesund, C'est sur que ces visites bruyantes ne stressent pas les oiseaux qui nichent....
Bref les contradictions sont sans nombre ici(chaque paquebot paye sa taxe).
Et ne parlons pas des aérosols lâchés dans les eaux du Kongsfjorden par ces immenses paquebots....
Et Que dire quand le Lance, bateau scientifique norvégien accoste sur le port de Ny Alesund, et, fait repeindre sa coque en rouge sans être en cale sèche ?
Ainsi de belles gouttes de peintures rouges disparaissent dans les eaux du Fjord et ce n'est pas de l'acrylique ! et au diable les métaux lourds et pigments...
Bref, on parle beaucoup d'écologie là bas, mais surtout pour faire bonne mesure devant les caméras, et je peux dire que cette écologie n'est pas toujours mise en pratique.
Et pour avoir bonne conscience, on peut acheter dans la boutique de la kingsbay un DVD qui explique en détail ce que j'écris ici, et tout cela est expliqué par le station leader norvégien ! titre "Spitsbergen an arctic wonderland" et on peut lire au dos de ce DVD "The arctic is undoubtedly good for the tourists, but are the tourists good for the arctic ?"

Fascinant n'est ce pas ?

Bref, le but n'est pas de définir des coupables, car on sait très bien que ces communautés oeuvrent pour une meilleure perception de notre monde. Mais il est important que quelque soient les bonnes intentions, que les comportements soient modifiés, que ces structures se réforment, il est encore temps.
Je ne parle pas des autres stations dans le sud, où pendant des années les déchets étaient stockés en plein air sans précautions (Nombre de discussions avaient lieu au cours de diners avec les scientifiques sur ces sujets, et ils savaient traversé plusieurs stations). Je ne parle pas des bases polaires laissées et abandonnées en plan sur place, à cause des gouvernements de tutelle qui coupent les budgets dédiés à la recherche !
Alors non seulement ces structures se doivent de se réformer, mais l'état se doit d'assumer ses responsabilités !
Car les déchets des laboratoires sont certainement parmi les plus toxiques qui soient. On ne peut plus se comporter de cette façon.
J'ai pu constater sur place, la lucidité de chaque individu faisant attention, et adoptant un comportement rigoureux au regard de ce respect de la nature, mais tout autour d'eux la structure, l'administration, certains scientifiques, le personnel des compagnies privées, les compagnies privés, les états, eux ... n'ont pas ce genre de scrupules, comprenez, ils travaillent pour des projets si nobles...

NB/ Ces clichés ont été pris avec un compact 24*36 russe nommé lomo, et je n'ai reçu que ce jour ces clichés, d'où la publication tardive de ce billet

1 commentaire:

Julie Takacs a dit…

This entire project of yours has fascinated me from the start. I am thankful you have taken the time to write detailed accounts of where you are and what has happened and shared it with us all.
This post struck me very strong. It is difficult for us as a human race to see beyond the paradigm that we all live in. I try to live each day aware of my environment and what I can do to affect it. It bothers me as I consider that I can recycle my cans and bottles, and then drive my car to work. Isn't this the given paradox? The effect of living in our current society, and the effect of trying to change things in a big way...it is all such a huge task.
Small steps, they equal the larger leap.