lundi 4 juin 2007

Déambulations






Dans les villes, les déambulations sans destination débouchent sur des épiphanies très joyciennes non dénuées d'esthétique, de poésie. Mais qu'en est il d'une déambulation polaire ?
Cela devient totalement surréaliste, car déambuler nécessite un laisser aller, et un calme intérieur. Mais est ce possible avec un fusil en écharpe, et des balles de 306 dans sa poche ?
Cette croix de l'enfer finit par se faire oublier... Mais tout commence, quand, après des heures de marche sur les rives fjord, on s'assoit sur un bois flottant échoué en laissant l'eau laisser lécher le bout de vos chaussures. C'était à Bandalpyten. Le fusil posé sur le côté, l'horizon mène le ballet:
Des rideaux de plomb s'affrontent sous des nuages très bas avec des rideaux de lumières très blanches déclinant des nuances de pourpre et d'azur. L'eau est lisse comme une feuille d'acier, pas un flot. Des scarifications noires des îles alentoures apparaissent sur des nappes blanches (les rives opposées) et s'évanouissent dans le blanc du ciel.
Puis une virgule noire caresse la surface de l'eau, un souffle profond fend le silence, puis cette chose s'approche de la rive et mène un ballet circulaire à dix mètres de vous. Des eiders volent au raz de l'eau, font des cercles au dessus de ce petit orqual et le temps s'étire... sur 20 bonnes minutes qui en paraissent dix...

On rêve, puis en se levant, on réalise que si l'on verbalise cette expérience, cela devient un cliché digne du 'lonely planet'....
Tout a déjà été vu et vécu, et cette contemplation unique ne peut plus être partagée, mais vécue égoïstement avec un sourire désabusé...

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